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Scribouillages et pensées frénétiques
6 décembre 2008

le Labyrinthe de Pan

Deux ans. Deux années déjà. Deux ans qu'est sortit sur les écrans ce film au visuel inquiétant et énigmatique. Six mois que j'ai le DVD, prêté par Monsieur Lledelwin. Six mois qu'il prend la poussière sur mon bureau, à coté de mon ordinateur, attendant que je me décide à le visionner. Tout ce temps pour me décider. C'est que les informations étaient très partagées et envoyaient des signaux contradictoires. Film fantastique ("oh oui !!!"), film de guerre ("...heu... Genre quoi ? Parce que bon, moi, les films de guerre...") Conte sombre ("Chouette alors !") Parcours initiatique ("Oh oui ! ...Attend, tout les contes sont des parcours initiatiques") Scénario atypique ("genre atypique comment ?") ...Sur fond de guerre d'Espagne ("avec un faune par-dessus le marché ? Je le visualise mal, le mélange"). Jusqu'à cette opinion formulée par ledit propriétaire du DVD : "Et bien, mitigé, c'est un très bon film, c'est clair, mais c'est pas le conte de fée qu'on te vend. C'est un film se passant durant la guerre civile espagnole, avec une petite fille coincée dans la montagne avec son beau-père franquiste qui torture efficacement et avec plaisir, et qui, par-dessus le marché, voit des fées... Mais bon, c'est limite secondaire." qui n'a pas achevé de me convaincre de le regarder, loin de là.

Parce que bon, moi, les films de guerre avec des tortionnaires sadiques qui n'ont même pas pour eux le fait d'être sortit de l'imaginaire d'un scénariste uniquement, ça me rend toute morose et ça me pourrit le moral. Les films fantastiques qui font peur, mais vraiment peur, ça me pourrit aussi le moral, mais dans un style différent. Ça m'empêche de dormir, ça me fait craindre les grincements du placard, ça me rend plus nerveux qu'un chat dans une salle d'attente de vétérinaire, bref, ça me réussi moyen. Alors le mélange des deux genres, j'appréhendais. Surtout si on me dit qu'en plus le film est très réussit. Un film de guerre très sombre avec une pincée de fantastique adulte et sombre, je sais pas pourquoi, j'appréhendais.

Mais bon, c'est un chef-d'oeuvre, c'est un monument, c'est à voir, c'est à ne pas manquer, et puis bon, même lorsque je suis persuadée ne pas apprécier le genre cinématographique du film que me conseille mon copain, au final, j'adore.

Et bien finalement, je peux dire que je n'ai pas regretté. D'avoir vu le film seule et en DVD, je veux dire. Ça m'a permis d'avancer rapidement durant certaines scènes qui s'annonçaient particulièrement glauques. Ça m'a permis de faire semblant de surveiller ma messagerie durant certains passages. De mettre sur pause le temps de souffler. Tas de trucs qui m'auraient été impossible dans une salle de cinéma, par exemple.

Bon, au final, j'ai pas aimé. C'est un bon film, très efficace, très sombre, très très sombre, très glauque, une ambiance très oppressante, des monstres vraiment monstrueux (et Sergio Lopez campe formidablement l'Ogre de la Montagne)* et... beaucoup trop gore pour mon petit coeur sensible. Trop violent, que ce soit dans la violence de l'ambiance, dans celle qui est explicitement montrée et dans celle qui est distillée, suggérée tout du long du film. Qui se finit mal, en plus. Plus ou moins mal selon l'angle de lecture qu'on a choisit de prendre, mais mal de toute façon. Oui, le monde surnaturel est sombre... De là à le qualifier d'inquiétant, il y a un pas. Epreuves, confrontation avec des créatures diverses et variées (enfin, pas si variée que cela, n'empèche), son impact émotionnel sur le spectateur reste bien plus faible que celui des courses poursuites entre maquisards et franquistes qui se terminent de temps à autre par une interressante discutions entre hommes et entre quatre yeux (oh, yen a un qui vient de rouler sous la table, justement). Promesse de lendemains qui chantent pour la petite Ofelia, supposée princesse exilée parmis les humains qui doit conquérir le droit à rentrer chez son papa le roi des fées, ce sont aussi des moments de répit loin de la barbarie de la guerre. Bien trop espacés, les moments de répit, d'ailleurs. Mais du coup, on a du mal à s'attacher à l'intrigue féérique et à ses protagonistes - simplisime au demeurant, il suffit d'imaginer un Ford Boyard avec un père Fougasse cornu puisque ce qu'Ofelia doit faire, c'est accomplir trois missions, trouver trois objets avant la pleine lune, en suivant les indications du vieux et frétillant faune. Du coup, ce qui marque durablement les esprits, ce sont les scènes dans le monde réel. Celles mettant aux prises un groupe de Republicains avec un escadron Franquiste qui s'emploie à exterminer systématiquement les premiers, lesquels s'obstinnent à ne pas vouloir s'évanouir dans l'air du temps, les malheureux, peu au fait de l'Histoire à Venir, espèrent peut-être encore d'improbables lendemains qui chantent. Nous, spectateurs, on sait bien que cet espoir fut vain et l'on se retrouve à espérer lâchement que ceux auxquels on s'est le plus attachés parmis les "gentils" (ceux qui ne sont pas dirigé par un sadique sanguinaire et sociopathe) puissent s'en sortir... Comme on ne fait pas d'ommelette sans casser des oeufs, on ferme les yeux et son petit coeur sensible lorsque ça défouraille en espérant que... Et quand je commence à faire des petits marchés sordides entre ceux qui peuvent crever, d'accord, ceux que je voudrais bien voir survivre, siouplé, je commence aussi à trouver qu'il y a quelque chose qui pue le pâté. Cette critique, en l'occurence, que je m'en irai très certainement basarder d'ici un jour ou deux ou trois, lorsque j'aurais trouver quelque chose de mieux tourner pour la remplacer.

Et j'achèverai sur mon conseil du jour : pour la Noël, évitez le coffret "Narnia - Labyrinthe de Pan" sous prétexte qu'il s'agit de conte de fée avec des faunes. Vraiment, je vous le dis en toute amitié, Évitez.

* Et une mention toute spéciale à Guillermo del Toro pour l'interpretation toute personnelle qu'il fait de l'expression "avoir un coup d'rouge dans l'nez"

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Commentaires
L
Chéri, je t'aime, j'étais aussi en train de me faire la même réflexion, à savoir que les scènes d'une violence insoutenable (quand j'ai vu la main du bègue déchiquetée au marteau, je me suis dit que j'avais vraiment bien fait de pas la regarder, la scène du déchiquetage), que ces scènes donc, elles camouflaient certaines scènes un peu trop lisses pour être adulte. Pourquoi la mère d'Ofelia épouse ce type qui n'a rien pour lui, à part une super situation de bourreau ? Pourquoi elle se laisse ainsi infantiliser (ma chérie, déplace-toi en fauteuil roulant, j'aime pas trop l'idée que mon épouse puisse me regarder face à face) Pourquoi le médecin accepte de travailler avec le bourreau ? Comment celui-ci arrive-t-il à garder ses employés de maisons ? Parce qu'au rythme d'un mort toutes les nuits, le turn-over est un peu trop rapide pour toute personne normalement constituée. Alors oui,c'est pas une situation banale, ma pauvre Lucette, genre tu crois que les balayeurs du 80 avenue Foch avaient le temps d'avoir des états d'âme, toussa toussa, ce à quoi le répond "oui, les états d'âme des balayeurs de l'avenue foch, j'aimerais bien les connaître, savoir comment ils pouvaient aller au travail tranquilou chaque matin, savoir comment les femmes qui faisaient la lessives dans le vieux moulin pouvaient réagir lorsqu'elles entendent tirer et pleurer dehors la nuit, lorsqu'elles voient du sang et des tripes dans la réserves à bouffe, etc" <br /> <br /> Or c'est survolé. Alors de deux chose l'une : soit c'est vraiment survolé et la violence sert de camouflage à l'approche très légère de chacun des personnage, soit il y a une approche, des regards qui s'échangent, des informations qui transitent, sauf que la violence noie celles-ci. En temps normal, je dirais bien qu'une vision supplémentaire me permettrait de me faire une meilleure idée, mais... Non. Yapamoyen. Bon, je dis pas que les clichés, je suis contre, absolument contre. J'aime bien les scènes convenues qui font avancer le bousin. J'ai littéralement exulté lorsque Mercedes cisaille ses liens et plante le méchant, tout en couinant (pour réveiller personne) "mévazy, 'gorge le, c'salaud" mais bon, mes conseils ne sont jamais entendu. Sauf que bon... Mélangé à des scènes choquantes, les clichés me donnent l'impression qu'on cherche à me manipuler en beauté, alors que quand ils sont enrobés dans la guimauve et le caramel, ils me donnent juste l'impression de passer un bon moment de détente relaxante. <br /> <br /> Entonnant, non ?
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L
De mon côté, en tant que propriétaire du DVD sus-nommé, je tiens à dire qu'au final je n'ai pas non plus vraiment aimé ce film. Mais pour une autre raison : je trouve qu'il n'est pas fin. Mais alors, pas fin du tout.<br /> <br /> Je suis un gothique refoulé, à savoir que je n'aime pas les "happy ends". J'aime les films durs, sombres, ceux où la lumière au bout du tunnel n'est qu'un prétexte pour s'aventurer un peu plus longtemps dans le fameux tunnel. "Platoon", "Heat", "Emprise", "Live!" et "Hamburger Hill" me parlent bien plus que "Mon Voisin le Tueur", "Mon Beau-Père et Moi", les "Star Wars" et autres "Seigneur des Anneaux". Alors quand, en pensant regarder un conte sombre, je tombe en vérité sur un film sur la guerre civile espagnole, je me dis : "ah tiens ... bon, ben, pourquoi pas ?".<br /> <br /> Et quand le film se finit, je suis partagé entre deux impressions. La première, c'est d'avoir mal au fondement, j'ai acheté le DVD sans avoir vu le film et par principe je n'aime pas payer pour quelque chose d'autre que ce que j'attends. La seconde sensation, c'est celle d'avoir fermé un livre d'éveil alors qu'on a passé la vingtaine. <br /> <br /> J'ai trouvé les personnages tous plus caricaturaux : "ho le méchant capitaine franquiste qui n'a aucun sentiment !", "oh la petite fille terrorisée !", "oh la maman mourante qui est le témoin impuissant de la tragédie de ses proches !". C'est un film sans second degré. Les méchants sont méchants, les gentils sont innocents et subissent la méchanceté aveugle des méchants, etc. Aucune nuance. Et l'aspect surnaturel de la chose, à savoir l'aventure féérique (ou onirique, ou schyzophrénique, peu importe) d'Ofelia, qui aurait pourtant pu être une très bonne façon de faire passer des messages ... n'est que survolée.<br /> <br /> Qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit : c'est un bon film. La réalisation est impeccable et efficace, la photographie impressionante et le rythme soutenu. C'est par contre à mes yeux un mauvais film de guerre, et un mauvais film fantastique. C'est un conte à ne pas montrer aux petits enfants, mais c'est aussi une histoire pour adultes qu'on traite comme des bambins, à tout prendre au premier degré et sans nuance. C'est dommage. A force d'avoir voulu mélanger les genres, del Toro n'a peut-être pas exploité les meilleurs éléments de chacun d'entre eux.
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N
Bon, 'scuse-moi si je t'ai donné l'impression que je voulais à tout prix te faire apprécier le film, c'était pas mon intention.<br /> D'ailleurs, ma formulation était un peu ambiguë, mais je voulais pas dire que toi tu étais passé à côté, car c'est manifestement pas le cas du tout. Là je parlais de mon pote qui en substance avait dit qu'il y avait rien à sauver dedans, et surtout avait mal digéré de tomber sur un film "à message" mais éprouvant, alors qu'il était venu se remplir les yeux et se vider le cerveau sur un "conte de fées pour adultes" (c'est comme ça que le film était qualifié à l'époque, d'ailleurs Monsieur Lledelwin l'a bien dit ;)). Remarque, c'était un peu dans cet esprit-là que j'y étais allé, résultat je me suis bien tout pris dans la tronche aussi...<br /> Bon, après, on pourrait dire plein de choses là-dessus, la réalité du labyrinthe et du faune tout ça, m'enfin, sur cet aspect on est d'accord, c'est secondaire, et on va pas passer des heures sur un vieux film non plus :P
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L
Oui, c'est très puissant. Oui, c'est bon, comme film. Non, je crois pas être passé à coté, merci. L'ambiance malsaine, je l'ai assez bien ressentie, en effet. La violence des scènes, elle est loin d'être gratuite façon "slasher" et ça la rend encore plus immonde à mon avis. Donc encore plus insuportable. Par contre, le coté "conte de fée..." non, je crois pas, non... Je fais partie de ces gens qui se demandent s'il y a vraiment un labyrinthe et un faune, où si tout cela n'est qu'une tentative d'Ofelia pour s'évader de son quotidien (parce que bon, se faire réveiller par des sanglots et des coups de feu, on fait mieux qd même). Les fées sont trop archétypales pour être vivantes, la scène du banquet souterrain avec l'ogre blanc, n'est-elle pas un paralelle fantasmé de celle du souper donné par l'autre ogre de la montagne, qui, comme l'Homme Pale, préside une table chargée de met qu'Ofelia n'a pas pu toucher (étant très occupée à ne pas salir sa robe) ?<br /> <br /> Oui, ce film est bon. Mais non, moi, je ne l'ai pas aimé. Ce qui n'en fait pas une bouse, juste un film que je ne suis pas capable d'aimer, parce que oui, ce film est difficile à encaisser. Et ce ne sont pas seulement certaines scènes, tout le film est terriblement dur et violent. Certes, la guerre d'Espagne a été dure et violente, mais je trouve que cette violence, cette barbarie est ici étalée de façon trop manifeste, trop éclatante pour que moi je puisse la regarder et la voir. C'est trop fort et cela a le même effet qu'une musique jouée à plein volume : les sons saturent et j'entends plus que du bruit qui m'incommode.
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N
Argh, ça me rappelle une critique semblable qu'un copain avait faite à l'époque de la sortie... Critique à laquelle j'avais pensé répondre point par point dans mon blog, tant je trouvais regrettable la façon dont il était à mon avis passé à côté du film, arrêté au niveau de sa nature oppressante et violente. Mais bon, flemme, tout ça, et puis les goûts et les couleurs, gnagnagna...<br /> <br /> Bon, toujours autant la flemme aujourd'hui, mais personnellement, j'avais adoré au ciné, j'avais trouvé ça réllement "puissant". Ce qui ne m'empêche pas de me retrouver dans la plupart de ce que tu dis. Oui, certaines scènes sont très éprouvantes à regarder (je suis pas non plus un fan du gore réaliste), le contexte choisi est super chaud à traiter, le tout baigne dans une ambiance très malsaine, le fin est brrrr, etc. Après, je trouve que tout ceci a un vrai sens, que ça participe à l'impact du film, qui se veut un peu un conte de fées à l'envers, et une réflexion sur la violence, réelle ou imaginaire (et là je trouve super intéressant ce que tu dis à la fin sur tes réactions) et les moyens (ou l'absence de moyens) pour y échapper. Bref, ça m'avait fait de l'effet comme film. Et rien que d'un point de vue formel et narratif, j'avais apprécié la façon d'éviter tous les clichés et d'apporter toujours quelque chose d'inattendu (souvent pire que ce que la tension ambiante laissait présager). Avec le recul, j'ai compris la maîtrise du réalisateur sur tous les points, et quand c'est bien fait, j'adore ça.<br /> <br /> Bon par contre, pour le coup du coffret, même conseil que toi : à éviter. Qui voudrait acheter Narnia ?
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