Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Scribouillages et pensées frénétiques
20 janvier 2006

Aujourd'hui, pas de dessin !

Question dessin, je me défend. Ce n'est pas très modeste mais ce n'est pas faux non plus. Je pourrais dire aussi que je ne suis pas mauvaise en dessin, ce qui est moins fanfaron et un peu faux cul.

Par contre, question gestion des couleurs, c'est pas vraiment cela. Je ne sais pas ce qui pèche ni où ça pèche, mais je ne suis pas souvent satisfaite de mes mises en couleurs, que je trouve plates, fades ou criardes mais le plus souvent sans force et fausses. Je ne sais pas vraiment ce que je devrais faire pour y remédier, tout ce que je sais, c'est que je ne sais pas gérer les couleurs, leurs vibrations, leurs contrastes, leur complémentarités... Parfois cela me dégoute presque de passer tant de temps à colorier mes planches scannées, mais je m'obstine parce que je suis quelqu'un de tétu et puis que j'aime pas trop le noir et blanc et crayonné mal gommé.

Ce sont ces pensées assez sévères qui me trottent en tête depuis quelques temps. Aussi était-ce faire preuve d'un brin de masochisme que d'aller visiter cet après midi l'exposition sur les avant-garde russe au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, sachant quelle place la couleur occupe dans l'art russe et dans celui des avants gardes du tournant du 20 siècle, les brillants artistes qui furent les pionniers des formes d'expression de la révolution puis du jeune régime communiste avant que celui ci ne les étouffent au nom du sacro saint réalisme exaltant le corps jeune et fort de la nation triomphante dont l'oeil valeureux et le biceps ravageur... Ouf un point ! Champignac nous voici.
Bref la couleur vive et vibrante, la couleur qu'on prend aux icônes byzantines, aux art populaires plus aux fauves occidentaux et qui chatoie et vibre dans les peintures de Goncharova, Kandinsky, Exter, beaucoup d'autre dont j'ai eut du mal à retenir les noms slaves vaguement barbares...

Mais mon masochisme faisait un heureux écho au sadisme inhérent à cette exposition. Quiconque est déjà venu au palais des Beaux Arts sait que les expositions suivent le plus souvent un circuit fermé qui commence et se termine sur un grand palier donc un coté ouvre sur l'escalier d'honneur et l'autre forme un large mur blanc, idéal pour des projections. Et en matière de projection, les âmes sensibles (dont je suis) ou vaguement morbide (dont je suis aussi) eurent de quoi se satisfaire amplement. En effet, afin de camper l'époque et l'esprit, ce n'était rien d'autre que la scène la plus connue et la plus bouleversante du Cuirassé Potemkine d'Esenstein, celle de l'escalier d'Odessa. Des plans rapides, entrecoupés par d'autres plans, qui présentent de manière sacadées l'armée du Tsar aux bottes cirée qui descend d'un pas de métronome des escalier raide sur lesquels une population terrorisée est prise au piège, bloquée entre ce peloton d'exécution qui avance, baïonnette au canon, et une cavalerie qui piaffe, sabre au clair. Et puis ce regard noir et beau de terreur sombre, cette mère qui se penche sur le landau de son enfant, ne sait que faire, où fuir, et formant un rempart de son ventre à son bébé, s'éfondre et précipite le landau dans l'escalier. Le landau dévalant les marches où une humanité mourante se tortille devant la lame et le plomb d'une armée d'automates en marche jusqu'au moment où il se renverse sur l'enfant et sous le sabre... Une scène jouée encore et encore, interminablement. Une scène dont la musique poursuivait le visiteur dans les trois premières salles et l'accueillait dans les deux dernières. Une scène si expressive et si rigoureusement mise en scène dans des plans géométrisés et violent que j'ai eut le plus grand mal à voir les tableaux colorés et paisibles qui composaient les premières salles...

Une scène qui contrastait terriblement avec les trouvailles et les plans pleins d'humour et de distanciation de "l'Homme à la Caméra" film sans histoire d'une heure environ... Sans histoire mais non pas sans sujet et sans intéret, le caméraman filmant une journée dans une ville russe, les gens, leur vie, et puis son travail, son reflet, ses trouvailles... Par exemple, ce gros plan d'un objectif d'appareil photographique dans lequel se reflète le cameraman actionnant la manivelle de son appareil, cet ouvrier agricole endormis qui se réveille, se gratte, cligne des yeux, nous fixe, incertain de ce qu'il voit, puis se met à rire de l'homme qui le filme, se retourne, rajuste sa casquette, tout en riant... Un documentaire qui n'en est pas vraiment un, puisque le cameraman prend grand soin des plans qu'il prépare et se montre lui même devant ses films occupé à leur montage, à l'ordonnance de leur scène... Un film apaisant, curieusement. Et qui est, paraît-il, un exemple d'avant garde aussi, puisqu'outre la mise en abîme de l'acte de tourner, il présente aussi un éventail incroyable de trouvailles de cadrage, plongée, contre plongée, vue d'un véhicule en marche filmé du dessous, vue d'un cheval au galop filmé depuis une voiture roulant à coté de l'animal, et puis cet scène incroyable de ce cameraman couché sur les rail d'un train !

...J'ai été mise dehors par les gardiens parce qu'on fermait !

Publicité
Publicité
Commentaires
A
C'est Doisneau qui disait que le photographe croyait arrêter le temps, et qu'en fait c'était le temps qui l'arrêterait. Non?<br /> Ceci dit, c'est vrai que la couleur, c'est toujours délicat.<br /> Il m'arrive d'être content d'un crayonné, c'est beaucoup plus rare d'un encrage et jamais le cas d'une mise en couleurs.<br /> Tu devrais poster une planche aux 3 différentes étapes, non?<br /> Je trouve que celle du hamster est assez réussie, question couleurs.
Répondre
L
oui, c'est souvent ça, les photo, c'est imobile...
Répondre
M
Sur la dernière photo, rien n'indique le train circule, ni à quelle allure...
Répondre
Publicité