27 janvier - commémoration de la libération d'Auschwitz
Ce 27 janvier, outre la naissance de Mozart, on célèbre aussi l'anniversaire de la libération d'Aschwitz, l'un éclipsant peut être un poil l'autre...
Ce 27 janvier ce fut donc l'occasion de ressortir quelques images de cadavres ambulants tirés de Nuit et Brouillards, de revenir sur cette voie de chemin de fer sous la neige et ce portail au loins, et de rappeller encore une fois que 6 millions de Juifs furent exterminés dans les camps par les Nazis. Tout au plus a-t-on mentionné qu'à coté de ces 6 millions de juifs il y eut "d'autres personnes déportées et exterminées"
L'on évoque sans fin, encore et toujours, la persécution des Juifs par le pouvoir Nazi, mais sans rappeller que les Juifs furent persécuté car jugé d'une race inférieure tout comme les Tziganes le furent, tout comme les Slaves le furent, tout comme les Arabes et les Noirs le furent. Et que les "Ariens" n'étaient pas non plus à l'abris des déportations : homosexuels, "associaux" et handicapés mental et physiques furent eux aussi l'objet d'une épuration ethique pour les empecher de contaminer la pure race Arienne.
J'avais été effarée de devoir apprendre a quelqu'un de mon age que non, il n'y avait pas que des juifs dans les camps de concentration, que les tziganes d'Europe avaient été tout aussi méthodiquement isolés, déportés, exterminés. Je suis encore effarée de n'entendre mentionner dans les discours que les seuls déportés juifs, le sort des déportés politiques, des homosexuels, des dissidents politques, des anarchistes espagnols, des tziganes, des handicapés sur lesquels l'on a mis au point la technique de gazage avant de l'apliquer dans les camps étant relégué au mieux au second plan, aux émissions passant en toute fin de soirée, vers les deux heures du matin.
Pourtant il me semble que ce n'est pas diminuer ou minimiser l'horreur de la Shoah que de rappeller ce que fut le Pharajimos, le nom du génocide en Rom. Il me semble que rappeller que les juifs eurent des frères de souffrances qui n'étaient pas juifs mais n'en n'ont pas moins soufferts et été humiliés de par leur appartenance à un groupe distinc ou par leurs choix de vie, leurs choix d'être humains, c'est non seulement faire justice à ces victimes oubliées voire niées (il a fallu bien du temps pour que l'on accepte de parler des triangles roses - les homosexuels déportés - lors des commémorations officieles et seule l'Allemagne a officiellement reconnu le génocie des Tziganes par les Nazi) mais c'est aussi réintégrer les juifs dans l'Humanité de ceux dénigrés, méprisés, rejetés et qui ont en commun cette histoire lourde et ce passé de pesécution à défaut de choix de vie similaire.
Finalement, l'on est bien loin d'avoir tout dis, tout su du régime nazi et de sa politique d'extermination et de mise à l'écart. Pendant longtemps on n'a pas trop voulu se rappeller les déportations, les victimes elles-même se taisant jusqu'à ce qu'on se fasse un devoir de rappeller, de se rappeller, de leur raconter, pour ne pas oublier, pour que plus jamais cela n'arrive - formule un peu creuse et qui n'empèche hélas pas les répétitions. Malheureusement, passé le premier choc et la première remise en question, une certaine routine du discourt de commémoration s'est installée. Auparavent on évoquait les Résistants déportés et assassinés, maintenant on parle plus souvent des enfants juifs livrés à la barbarie nazie. Mais l'on n'entend toujours si peu évoquer les enfants des Nomades ou les amants scandaleux. Il serait pourtant grand temps de leur donner la parole avant que tous n'aille rejoindre au-delà de ce monde le dernier triangle rose survivant de France, qui est décédé l'année dernière.